Un Sursaut certes, mais un Sursis aussi.

Implications Culturelles des Élections Législatives Françaises de 2024

Ouf !!!  Sentiment de soulagement et larmes de joie ont émergé à l’annonce des résultats des élections législatives, dimanche 7 juillet.  Ce sentiment, teinté d’un optimisme prudent, que nous avons peut-être évité le pire. Bien que les résultats immédiats puissent sembler une victoire, il subsiste une prise de conscience sous-jacente que la bataille culturelle et idéologique, plus large, est loin d’être terminée. Un sursaut certes, mais un sursis aussi.

Discours Politique et Identité Culturelle

Suite à la dissolution de l’Assemblée Nationale par le président de la République française, nous avons eu le droit à notre lot de « dérapages » homophobes et racistes.

Par exemple, l’agression à caractère homophobe d’un homme par des militants d’extrême droite radicale dont l’un d’entre eux, lors de sa garde à vue, lance : « Vivement dans trois semaines, on pourra casser du PD autant qu’on veut ». Ou, cette candidate Rassemblement National qui estime ne pas être raciste car, dit-elle ; « J’ai comme ophtalmo un juif et j’ai comme dentiste un musulman ». Ou encore, celle du député sortant Rassemblement National (RN) Roger Chudeau, qui a suggéré que les citoyens binationaux devraient être exclus des postes gouvernementaux, invoquant des problèmes de « loyauté », illustrant son propos en qualifiant la nomination de Najat Vallaud-Belkacem (ancienne ministre de l’Éducation sous le gouvernement de François Hollande) d’ « erreur ».

Cette stigmatisation des citoyens français binationaux et cross-culturels suggère qu’ils seraient moins français que leurs compatriotes mononationaux, remettant en question l’inclusivité de l’identité française.

Mais alors, c’est quoi être français?

Selon la Constitution de 1793, être français signifie d’abord être citoyen, ce statut étant acquis par la naissance ou la résidence. Le philosophe français Ernest Renan, quant à lui, décrit la nation comme un “plébiscite de tous les jours”, mettant l’accent sur une volonté collective de vivre ensemble et de construire un avenir en commun. Il souligne également que la nation est susceptible d’évoluer à mesure que les volontés humaines changent.

Cette vision inclusive contraste avec la vision nationaliste qui considère la nation comme une entité fermée, définie par le droit du sang et l’héritage ethnique. En période de difficultés économiques, comme la crise actuelle du coût de la vie, la rhétorique nationaliste réapparaît souvent, exploitant des peurs – imaginaires – et promouvant des idéologies visant à diviser.

Parce qu’après tout, il faut bien trouver un ou des bouc-émissaire(s).

Source: actuParis

Source: actuParis

Lutte des classes ou lutte des races?

Cela se traduit, par exemple, par l’instrumentalisation de la lutte des classes en la transformant en lutte des races. On oppose alors le “bon” Français au “moins bon” Français, le Français « pur » au Français de « seconde zone ». Un jeu dangereux et en contradiction avec le principe fondamental de la devise française : l’égalité entre les hommes. Que l’on soit blanc, noir, jaune, marron, mononational ou binational, monoculturel ou cross-culturel, citadin ou rural, chrétien, juif ou musulman, etc., la liste est longue. Il existe autant de particularités qui définissent le citoyen français qu’il existe d’ADN uniques. Et devant la loi, nous sommes tous égaux.

Comme le note l’auteur franco-libanais Amin Maalouf, réduire l’identité à un seul élément peut conduire à l’isolement et au conflit. À l’inverse, une identité riche et à plusieurs visages permet une plus grande intégration et compréhension au sein d’une société diversifiée. Parmi ces identités, on trouve l’individu cross-culturel.

L’Identité Cross-Culturelle 

L’identité cross-culturelle du citoyen français, attaquée par le RN à travers l’instrumentalisation des binationaux, implique d’incarner de multiples influences culturelles au sein de sa personne. Être cross-culturel n’est souvent pas un choix mais une réalité, et cela devrait être intégré comme une composante de l’identité nationale. Et contrairement à ce que peuvent dire ses détracteurs, les français qui jouissent d’une identité cross-culturelle font corps avec l’identité nationale. Leur contribution enrichit la société en apportant une diversité d’expériences et de perspectives qui nourrissent le tissu social et culturel du pays. En outre, toute culture est elle-même composée de ‘sous-cultures’. Ainsi, l’idée selon laquelle le monoculturalisme serait la norme, figé et rigide, méconnaît la réalité dynamique et évolutive des cultures au fil du temps.

Visionner le discours “Le Caméléon”, une perspective sur l’identité cross-culturelle.

Besoin Pressant d’Unité

Les élections ont transformé une partie du débat en une fausse question sur la culture et la citoyenneté binationale, alors que le véritable problème est avant tout socio-économique. L’urgence est la crise du coût de la vie qui affecte profondément les Français, chacun souffrant à sa manière des difficultés à payer ses factures. Ce n’est pas le moment de faire diversion politique.

A group of people holding flags

Description automatically generated

Source: radiofrance

Nous avons désespérément besoin d’un leadership capable de s’adresser à l’ensemble de la nation, y compris aux villes, aux banlieues et aux zones rurales ; un leadership qui unit plutôt qu’il ne divise, qui apporte apaisement et solidarité et qui s’attaque fermement aux besoins pressants des français. Un leadership qui transcende les divisions artificielles pour rappeler la grandeur de la nation. 

Être français, c’est une fierté collective qui ne se définit ni par la race ni par l’origine, mais par une volonté commune de vivre ensemble, et qui s’enrichit de la diversité et des multiples influences culturelles qui forgent notre identité collective.

Leave a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *